L’ourdou, langue d’origine indo-européenne, appartenant plus précisément à la sous-famille indo-aryenne, est principalement parlée et comprise en Asie du Sud (Inde et Pakistan principalement).
Elle est intimement liée au hindi, au point que l’on peut parler de deux variantes d’une même langue, le hindi-ourdou.
Sur le terrain, les formes parlées de ourdou (abréviation UR) sont plus ou moins influencées par les fonds lexicaux sanskrit et arabo-persan (plus on va vers le Pakistan et plus ces formes puisent dans le fonds arabo-persan).
Si l’ourdou est la langue officielle du Pakistan, dans les médias, l’éducation et les administrations, et si elle est comprise par environ 80% de la population, elle n’est toutefois la langue maternelle que de moins de 8 % (Rahman 2008) des Pakistanais et arrive en 4e position en nombre de locuteurs natifs dans ce pays (après le pendjabi, le pashto et le sindhi). L’ourdou est également une des langues officielles de l’Inde, langue maternelle de 50 millions de locuteurs selon le recensement de 2011, où elle est associée à la communauté musulmane, à une population plutôt urbaine, et à l’héritage artistique et littéraire des empires musulmans.
La majorité des locuteurs d’ourdou utilisent donc celle-ci comme seconde langue. Cela est visible chez les locuteurs migrants que l’on retrouve en Europe, qui sont originaires en très grande majorité du Pendjab et dans une moindre mesure de zones pashtophones. Leur prononciation de l’ourdou (accentuation des mots), les choix lexicaux ("pendjabismes") ainsi que la grammaire (en particulier les formes verbales, la dégradation des accords en genre) qu’ils utilisent s’en retrouvent influencés.
L’ourdou connu par son nom anglais Urdu a pour code ISO 639-1 UR, UR-PK pour l’ourdou pakistanais.
Dans la migration, l’ourdou est compris dans un continuum linguistique allant du Bangladesh à l’Afghanistan. S’il est langue véhiculaire des commerçants et des lettrés depuis longtemps, sa diffusion de masse est largement due au cinéma de Bollywood et aux chansons indiennes qui utilisent une variété de hindi-ourdou recourant à un lexique arabo-persan abondant. La présence de ces termes permet une intercompréhension plus grande avec les Afghans, Bangladais ou locuteurs de persan, associés sur le trajet migratoire. Certains termes sont même communs avec l’arabe, comme l’illustre ce lexique. Attention toutefois aux nombreux faux amis : bien souvent, si le terme est identique dans les deux langues, le sens change. On trouve ainsi de nombreux glissements sémantiques, comme dans "gharib", "harami", etc.
Équipe
Coordinateurs : Bénédicte Diot Parvaz-Ahmad & Shahzaman Haque
Contributeurs : Riaz Ahmad, Bénédicte Diot Parvaz-Ahmad, Shahzaman Haque, Laurence Lécuyer