aster gami
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bolnevala
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dalmechar
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interprète
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motarjem
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moufassir
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moutarjim
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tarjoman
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tarjuman
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traducteur
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turjuman
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vakil
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zbarronkay

Définition -

Interprète, traducteur, parfois aussi intermédiaire ou avocat.

Exemple(s) -

"Allô ? Vous faites bien la dalmechari ? J’ai des documents à traduire pour la Commission" (appel à un traducteur assermenté par un ressortissant du sous-continent indien).

"almutarjim lam yafham allahja lati kunt ’atahadathuha" (AR) - le traducteur à la CNDA n’a pas compris le dialecte que je parlais (campement parisien, 2020).

Commentaire -

"dolmechar" (UR) vient du mot allemand "Dolmatscher", qui signifie "interprète". Autrefois, ce mot désignait également le traducteur (à l’écrit) mais son sens a fini par se restreindre au cours du XIXe siècle au domaine de l’oral. Pour les migrants venus du sous-continent indien, le sens est bien plus large. Prononcé "ḍālmecar", il désigne une personne capable de traduire d’une langue vers une autre, mais aussi celui qui sait préparer un récit pour une demande d’asile, remplir un dossier, qui peut faire obtenir des papiers. La fonction est ainsi souvent confondue avec celle d’un avocat, le "vakīl" (voir l’article « Dalmechar - l’intermédiaire » de B. Diot).

Dès que le statut d’un interprète n’est pas clair dans la situation, les personnes en exil s’en méfient, et préfèrent un tiers, même dans une langue moins bien maîtrisée (en anglais par ex). Les interprètes qui travaillent avec la police ou les autorités du pays sont mal vus par les Érythréens ou Éthiopiens ou Soudanais à Calais. Ils ont la réputation de provoquer des discussions pour connaître l’origine des exilés - des stratégies existent, par exemple de ne pas parler le tigrinya pour être pris pour des Kounama (il n’existe pas d’interprète), ou encore pour des Blin, une des 9 peuples à la frontière Soudan/Éthiopie.

En arabe, le mot "tafsir" renvoie à l’interprétation alors que "tarjama" est pour la traduction. Dans le parcours migratoire, les termes "tafsir", l’explication/l’interprétation, et "tarjama" sont tous les deux utilisés. Le traducteur-interprète est appelé "moutarjim". Le terme "moufassir", l’interprète, est très peu utilisé par les exilés arabophones.

L’interprète extérieur est généralement perçu comme un professionnel, qui donne une traduction de qualité et permet à l’exilé de confier son récit et l’assurance qu’il sera bien transmis, bien que des méfiances sur son statut social et ses opinions politiques puissent exister. À l’inverse, le salarié d’une association locuteur d’une langue est plus exactement un "traduisant", c’est à dire qu’il n’a pas l’autorité et le statut nécessaires pour intervenir comme interprète tout en ayant souvent une proximité plus grande avec les exilés. Les syriens peuvent désigner un interprète-pair, issu du même pays, par "ibn baladi" (le fils de mon pays). En ourdou, un pakistanais dirait "ammarabay" (notre frère).

Ressource(s) -

 Article « Dalmechar - l’intermédiaire » de Bénédicte Diot sur le blog Azil.

 Dossier « Traduire l’exil », Plein Droit, 2020/1, 124.


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