andakht
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andakhtan
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chance
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chance
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chans
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kushash
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passage
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rah
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shans
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tégatché
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traversée
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try
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try

Définition -

Dans le contexte migratoire, s’utilise principalement pour désigner une opportunité de passage des frontières (souvent illégal) ainsi que d’autres actions qui apportent un bénéfice aux exilés.

Exemple(s) -

"emshab shab-e andakhta" - ce soir est le soir de se jeter/mettre dans la chance. (Récit d’un Afghan sur sa traversée de la Grèce vers l’Italie au CHUM Ivry, 2019).

"saab log ekatte kushish karne nikalne jate te" (UR) - tout le monde est sorti pour essayer ensemble (Calais).

"Avec de la chance" ("with chance") "je passerai en UK" (Calais, groupe soudanais, rue du chemin des dunes, juin 2016).

"I go for chance" (Calais).

"Mais c’est chance, tu vas devenir procédure normale, certains toujours dublin, dublin" (campements parisiens 2019).

"No fortuna" (Vintimille), employé par un jeune migrant qui sous entend qu’il n’a pas eu de chance pour passer et s’est fait refouler à la frontière franco-italienne.

Commentaire -

Les exilés soudanais utilisent le mot anglais "chance" pour désigner la tentative de passage de n’importe quel pays à l’Angleterre. Les arabophones utilisent le mot "forsa" qui signifie "l’opportunité". "

Les Afghans et les Iraniens utilisent le verbe "andakhtan" ou le nom qui en découle "andakht" qui signifie littéralement "se jeter"/"jetée" ou "se mettre" faisant référence à l’acte de mettre quelqu’un dans un lieu ou un espace. Le terme est utilisé par les migrants qui tentent par leur propre moyen de traverser une frontière, ou encore par les passeurs pour expliquer à leurs "clients" qu’ils vont passer la frontière tel jour à telle heure.
Le mot "passage" décrit l’action, quel que soit le statut de la personne impliquée, généralement aux frontières : soutien bénévole, passeur rémunéré, exilé. Plusieurs mots et expressions documentent les actions et tentatives de passage par camion : "tégatché" (TI) désigne quelqu’un qui est monté dans le camion, s’est fait attraper et s’est fait descendre du camion (est arrivé à Calais au port et a été arrêté au port), "mentar" (TI) : des gens qui montent ou sortent du camion et se jettent par terre.

Celui qui a de la chance est aussi celui qui fait "boza" (voir le vocabulaire de la réussite du passage).

La "chance", souvent liée à Dieu (et parfois accompagnée de l’expression "entre les mains de Dieu"), renvoie à tout ce qui ne dépend pas de soi, à l’aléatoire de l’expérience migratoire, et signifie l’opportunité espérée ou saisie, l’ouverture, la possibilité. Cette notion, individuelle, transforme les hiérarchies d’âge et de statut dans les camps et campements, favorisant par exemple les jeunes sur les aînés, les plus valides sur les moins valides... Elle est source d’envie, d’admiration, récurrente dans les discours. En arabe soudanais, "chanz" était utilisé dans la Jungle de Calais pour décrire plusieurs actions : arriver à passer en Angleterre, aller chercher du bois, aller chercher des vêtements lors des distributions, c’est-à-dire obtenir ce dont un individu ou le groupe avait besoin.

"Fakh" désigne la tentative de passage mais également, chez les exilés soudanais, prendre les transports en commun sans billet.


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